Introduction

Le jeûne suscite un engouement croissant, tant dans les cercles de santé naturelle que dans la recherche scientifique. Mais derrière ce mot unique, se cachent des pratiques bien différentes : jeûne intermittent ou jeûne long… souvent confondus, parfois mal compris.

En tant que chercheuse de formation (docteure en agronomie et conseillère en nutrition), j’ai choisi de proposer des séjours de jeûne long et randonnée dans une approche rigoureuse et encadrée, loin des discours trop ésotériques.

Ainsi, dans cet article, je vous propose une analyse des différences biologiques entre deux formes de jeûne très en vogue : le jeûne intermittent, souvent intégré au quotidien, et le jeûne long, tel que pratiqué lors de cures encadrées, comme les séjours de type Buchinger.
Jeûne intermittent ou Jeûne long : Quelles différences biologiques et bienfairs santé? Quelles sont leurs actions sur l’organisme ? Quels mécanismes activent-ils ? Sont-ils comparables ? Complémentaires ? Réponses ci-dessous.

Jeûne intermittent ou jeûne long : définitions et distinctions

Jeûne intermittent : une approche du quotidien

Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes de prise alimentaire et de jeûne au sein d’une même journée (ex. 16/8, 18/6) ou semaine (ex. 5:2). De ce fait il est facile à intégrer dans un mode de vie moderne.

Il s’agit d’un jeûne partiel et court, sans interruption prolongée de plusieurs jours. Cela limite ses effets métaboliques profonds, mais en fait un outil préventif utile, notamment pour le contrôle du poids, la régulation glycémique et la réduction des marqueurs inflammatoires.

Jeûne hydrique : une détoxification en profondeur

Le jeûne hydrique consiste à ne consommer que de l’eau (et parfois tisanes) sur une durée allant de 24h à plusieurs jours. Cela premet à l’organisme d’entrer progressivement en cétose. Il va ainsi mobiliser ses graisses comme source d’énergie, tout en activant des processus de nettoyage cellulaire comme l’autophagie.

Le jeûne hydrique est un outil puissant de régénération cellulaire, de réduction de l’inflammation, d’amélioration de la sensibilité à l’insuline, et de stimulation métabolique. Cependant, il demande une préparation, un encadrement et une reprise alimentaire adaptée.

Le jeûne Buchinger : une version douce et sécurisée

Le jeûne Buchinger est une forme modifiée du jeûne hydrique, intégrant de petites quantités de jus le matin et bouillon le soir. Cette méthode, développée en Allemagne par Otto Buchinger, est utilisée depuis des décennies en milieu clinique et de cure.

Elle permet de maintenir l’état de jeûne biologique, la cétose, tout en limitant les inconforts physiques, la fatigue et le stress oxydatif. Le jeûne Buchinger est particulièrement adaptée aux jeûneurs débutants ou aux personnes souhaitant allier confort, sécurité et efficacité dans une démarche bien-être.

Jeûne intermittent ou Jeûne long : Le point sur les mécanismes biologiques

Jeûne et accès à la cétose

• Dans le jeûne intermittent, une cétose légère et transitoire peut apparaître, mais elle n’est ni systématique ni profonde. Elle dépend fortement de la durée du jeûne quotidien (souvent au-delà de 16h), d’une alimentation pauvre en glucides, de l’activité physique, et du niveau d’adaptation métabolique de la personne. Les formats plus longs comme le 20/4 ou le « OMAD » (un repas par jour) facilitent davantage cette bascule.
• En revanche, dans un jeûne long (plusieurs jours consécutifs), la cétose s’installe de façon progressive et durable, en général à partir de 24 à 48h de jeûne. Les réserves de glycogène étant épuisées, le corps passe pleinement en mode cétogène, produisant des corps cétoniques (bêta-hydroxybutyrate, acétoacétate, acétone) utilisés comme source d’énergie alternative, notamment par le cerveau.

Jeûne et Autophagie (nettoyage cellulaire)

• L’autophagie, ce mécanisme de recyclage et de nettoyage cellulaire, s’active dès 16 à 24 heures de jeûne, mais de façon plus limitée et discontinue dans un jeûne intermittent classique.
• A contrario, lors d’un jeûne long, l’autophagie est profondément engagée pendant plusieurs jours (les cellules se nourrissent de leurs propres déchets), ce qui permet une régénération plus étendue, notamment dans les tissus inflammés, les cellules sénescentes, et certains organes métaboliquement actifs comme le foie.

Jeûne, Insuline et glycémie

• Le jeûne intermittent améliore la sensibilité à l’insuline, stabilise les pics glycémiques, et peut prévenir la résistance à l’insuline à long terme.

• Le jeûne long va plus loin : il abaisse durablement l’insulinémie, permet une déplétion complète du glycogène hépatique, et peut induire une « réinitialisation métabolique« , avec un effet bénéfique notable chez les personnes en surpoids ou prédiabétiques.

 Jeûne et Microbiote intestinal

• Le jeûne intermittent influence les rythmes circadiens du microbiote et améliore la diversité bactérienne, notamment si couplé à une alimentation riche en fibres.

• Un jeûne long induit un net ralentissement de l’activité digestive et peut agir comme un “reset” temporaire, suivi d’une recolonisation plus saine du microbiote, surtout si la reprise alimentaire est bien conduite.

Jeûne, Inflammation & stress oxydatif

  • Les deux types de jeûne réduisent les marqueurs inflammatoires, mais les effets sont plus marqués dans un jeûne long, grâce à la cétose stable et à la baisse prolongée du stress métabolique.
  • Les corps cétoniques, en particulier le bêta-hydroxybutyrate, ont des propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices démontrées.

Hormèse (stress adaptatif bénéfique)

Le jeûne — comme l’exercice ou le froid — est un stress léger, qui pousse le corps à développer des mécanismes de résilience. C’est ce qu’on appelle l’hormèse.

  • En jeûne intermittent, cet effet est modéré mais régulier.
  • En revanche, lors d’un jeûne long, ce stress est plus intense, avec des adaptations durables sur les systèmes antioxydants, immunitaires et métaboliques.

Conclusion : deux outils, deux fonctions, une même logique de bien-être

  • Le jeûne intermittent est aujourd’hui largement étudié, avec des résultats solides sur la glycémie, le contrôle du poids, les fonctions cognitives, et la longévité.
  • Le jeûne long est moins documenté par des études cliniques à grande échelle, mais les travaux de chercheurs comme Valter Longo (Fasting Mimicking Diet), ou les recherches sur les effets du jeûne thérapeutique dans l’inflammation, les maladies auto-immunes ou les troubles métaboliques, sont très prometteurs.

Les retours cliniques, les expériences d’observation en milieu de cure (comme chez Buchinger Wilhelmi) et les témoignages accumulés sur plusieurs décennies confirment de nombreux bénéfices. Les deux approches sont complémentaires : bien intégrées, elles participent à une meilleure conscience alimentaire, une vitalité accrue et une hygiène de vie plus sereine.

C’est cette vision du jeûne que nous proposons chez Jeûne & Loire lors de nos séjours de jeûne bien-être et randonnée de 7 jours, alliant repos digestif, activité douce, éducation nutritionnelle et accompagnement individualisé.

Sources scientifiques